Mexique. Faut-il s’infliger l’horreur pour faire respecter ses droits ?

| 0 Commentaires

Lèvres cousues, Madaï Díaz Rodríguez s'enferme dans une cage avec ses enfants pour protester contre son licenciement arbitraire

Le 6 juillet au Mexique, quatre employées d’un sous-traitant de Samsung Corporation se sont enfermées dans des cages. Elles ont cousu leurs lèvres en menaçant de s’immoler par le feu en cas d’intervention pour mettre fin à leur action. Elles entendaient ainsi dénoncer leurs conditions de travail et leur congédiement arbitraire.

Devant l’extrémisme des actes, on imagine l’ampleur de l’atteinte à l’honneur et à la dignité de ces dames.

Madaï Díaz Rodríguez, Sandra Gómez, Lourdes Zamora et Elvira Orozco travaillaient aux cuisines de la société de construction civile, Ingeniería. Elles mettent en cause la hiérarchie coréenne. Accusée de ne pas respecter leurs droits, imposant des journées jusqu’à 12 heures en continue sans payer les heures supplémentaires, le harcèlement, la violence verbale et physique seraient les méthodes de gestion retenues ainsi que le renvoi sur le champ en cas de réticence à se soumettre aux ordres.

Ceci serait le lot commun de tous les travailleurs locaux sur le chantier de construction de l’usine à gaz à Manzanillo ; des conditions ayant déjà provoqué diverses manifestations, dont une grève, sans aucun effet. Les autorités mexicaines s’abstenant de faire appliquer la législation du travail, le rapport de force serait devenu un outil de gestion des ressources humaines.

Le 20 juillet, nous avons appris que la pression médiatique aurait produit des résultats, l’employeur acceptant d’indemniser les quatre femmes de leur licenciement abusif et les autorités promettant de poursuivre les « managers » visés par leur plainte pour abus de pouvoir. Mais si les protestataires ont obtenu gain de cause, les autres travailleurs sont toujours livrés à leur sort.

En conclusion, deux constats :

La première concerne la violence de plus en plus généralisée dans les situations de sous-traitance. La mondialisation a réduit les résultats économiques de ces entreprises à un point où le moindre coût devient un surcoût, y compris et surtout, le respect de la législation du travail. De la carotte et le bâton, il ne reste plus que le dernier, les actionnaires refusant tout partage des richesses produites.

Le second concerne les recours dont le caractère spectaculaire est désormais déterminant dans les résultats obtenus. La violence infligée à soi-même devant une caméra serait-elle susceptible d’influencer les entreprises davantage préoccupées par leur image que par une protestation de masse devant les portes de l’usine ?

En construisant des outils de solidarité, il nous faut éviter ce piège.

Source : http://libcom.org/news/samsung-workers-mexico-hunger-strike-solidarity-needed…

Laisser un commentaire

Champs Requis *.


Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.