Une des principales activités économiques du pays est l’expatriation de travailleurs à l’étranger. De l’aide domestique aux ouvriers des chantiers aux équipages navales, les philippins migrent partout dans le monde pour renvoyer de l’argent à leur familles afin de les nourrir et leur garantir un toit. Le gouvernement philippin propose actuellement d’utiliser l’épargne colossale de ces migrants, déposée dans ses banques nationales, pour prêter un milliard de dollars au FMI.
Prendre l’argent des travailleurs pour dégrader l’emploi et les salaires des travailleurs européens et des migrants en Europe, est-ce vraiment une bonne affaire ?
Lisez cette traduction d’un article de Juan Manggagawa dans AllVoices (26 juin 2012)…
Des travailleurs philippins manifestent contre le prêt d’un milliard de dollars au FMI pour stabiliser la zone Euro
Les membres de l’Association des employés de Philippine Airlines (PALEA) et le Partido ng Manggagawa (PM) [Parti des travailleurs] ont manifesté ce matin devant le siège de la Banque centrale et le bureau du ministère des Finances à Manille pour protester contre le très controversé prêt d’un milliard de dollars au Fonds Monétaire International (FMI). Plus d’une centaine de travailleurs scandaient « Aidez affamés pas les insatiables ! Les Européens ont besoin de solidarité pas d’austérité ! »
« Comment Malacanang [la présidence] peut prétendre aider les Européens lorsque les bénéficiaires supposés ont rejeté le plan de sauvetage du FMI et ses conditions ? Par des manifestations et à travers les sondages, les travailleurs et les peuples de la Grèce, l’Espagne, le Portugal, l’Irlande, l’Italie et la France ont tous été rejetés d’austérité du FMI » affirmait Gerry Rivera, président de PALEA. Renato Magtubo, Président national du PM, a insisté sur le fait que « Ce milliard de dollars provient du sang et de la sueur des expatriés philippins et va nuire à nos propres travailleurs migrants en Europe car les régimes d’austérité du FMI imposent des coupes salariales, la réduction des programmes sociaux et de libéralisation des contrats de travail. En offrant ce prêt au FMI, nos expatriés en Europe gagneront moins, perdront le bénéfice des services publics et seront plus facilement licenciables ». Le rassemblement marque également le 9ème mois de lutte contre l’externalisation des services de Philippine Airlines. Le 27 Septembre de l’année dernière, PALEA a lancé une protestation contre la sous-traitance à l’aéroport et jusqu’à présent maintient un piquet de grève devant le Centre d’accueil de PAL. PALEA appelle la nouvelle direction de Philippine Airlines dirigée par Ramon Ang à faire revivre le porte-drapeau en rétablissant ses travailleurs réguliers. « Après neuf mois de protestation, PALEA continue à travailler pour la justice », a déclaré Rivera. En réponse au porte-parole présidentiel, Edwin Lacierda, qui affirme que le prêt au FMI aidera la stabilité mondiale, Rivera proteste « qu’il sera simplement utilisé pour renflouer les banquiers alors même que les Européens ordinaires et les travailleurs migrants souffrent de l’austérité. En s’opposant au prêt au FMI, nous étendons la main de la solidarité à nos frères et sœurs en Europe. Il est étonnant que PNoy vient immédiatement à l’aide des banquiers européens, mais reste aveugle et sourd aux cris des travailleurs philippins réclamant l’augmentation des salaires et des emplois réguliers ». A cela Magtubo ajoute : « Au lieu de les stabiliser, le FMI déstabilise les économies de l’Europe. Malgré plusieurs renflouements du FMI, la Grèce est en récession depuis cinq ans avec un taux de chômage à plus de 20% en général, mais plus de 50% pour les jeunes. Cette année, l’Espagne est tombée dans une récession avec des taux de chômage similaires à la Grèce qui seront aggravés par les mesures d’austérité dictées par le plan de sauvetage récent ». « Tout comme l’Europe, les Philippines sont également victime des politiques anti-travailleurs et anti-sociales du FMI. La libéralisation a conduit à l’effondrement de l’industrie et l’agriculture philippine résultant dans des pertes d’emplois et du chômage en milieu rural. La privatisation et la déréglementation a entraîné des hausses de prix et aggravé la pauvreté. Il est temps pour un changement de paradigme. Défendre l’espoir et la croissance au lieu de la récession et l’injustice en Europe et aux Philippines. Passons à un nouveau mode de vie : salaires et emplois réguliers, des taxes pour les riches pour financer les services sociaux, l’industrialisation nationale et la réforme agraire », propose Rivera.