29 mai 1968, Mauritanie. Commémoration des martyrs de Zouérate

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zouerateReprise d’un article de la CGTM.

Suite à la manifestation pacifique organisée par les travailleurs de la Société des Mines de Fer de Mauritanie (MIFERMA) le 29 mai 1968 à Zouérate et sur injonction des responsables de cette société, la soldatesque armée tire à bout portant sur une foule de manifestants. Il y eut sur le champ deux morts et une dizaine de blessés. Le bilan qui n’a jamais pu être élucidé semble être beaucoup plus lourd, car plusieurs sources concordantes font état de plus d’une dizaine de morts.

Cet événement restera, pour des militants syndicalistes que nous sommes et pendant plusieurs générations à venir, gravé dans la mémoire collective.

Les revendications de nos camarades portaient sur leurs dures conditions de travail et d’existence et étaient articulées autour de certains points parmi lesquels on peut citer :

  • Les logements,
  • L’augmentation des salaires,
  • Et la discrimination entre travailleurs mauritaniens et travailleurs étrangers.

Zouérate était à l’époque une petite bourgade créée en toutes pièces et à la va-vite pour répondre aux besoins de l’exploitation minière et les travailleurs mauritaniens qui étaient parqués dans des abris de fortune ne demandaient ni plus ni moins que d’avoir des logements leur permettant de dormir et de se reposer avec leurs familles, suite aux dures journées de labeur.

Les salaires étaient maintenus à des niveaux très bas, de type colonial, alors que la société développait une exploitation capitaliste moderne, engrangeant des plus-values colossales sur les dos de nos camarades ouvriers.

Mais la situation la plus insupportable était l’existence à la cité minière d’un mur de séparation (ou mur de honte) qui mettait d’un coté les travailleurs étrangers dans des villas de luxe bien équipées et de l’autre Tes travailleurs mauritaniens dans des ghettos, image qui rappelle l’apartheid en Afrique du Sud d’alors.

Quelque temps après le massacre, le Gouvernement tenta de se justifier en disant, à travers les antennes de la radio diffusion nationale, qu’effectivement ordre avait été donné à l’armée mauritanienne de procéder à des tirs de sommation pour disperser la foule débordante et malheureusement certains travailleurs ont ramassé des balles perdues.

La délégation de I’UTM qui s’est rendue sur les lieux après la catastrophe, a tout simplement pris faits et causes en faveur de la MIFERMA.

Et encore quelques jours après

  • Le Syndicat National des Enseignants de l’Arabe publie une déclaration condamnant le massacre, tous ses dirigeants sont aussitôt arrêtés et mis en prison.
  • Les travailleurs, les étudiants et les élèves organisent un grand meeting à Nouakchott, ils sont dispersés au moyen de grenades lacrymogènes, certains seront ensuite embarqués dans des fourgonnettes et emmenés au commissariat de police où ils vont subir toutes sortes de tortures.

C’est le début de ce qu’on appellera la spirale manifestation-répression-manifestation.

Mais les conséquences de l’évènement ne s’arrêteront pas là :

Au congrès ordinaire de I’UTM convoqué en juillet 1969, la direction de la centrale, qui avait manifestement peur d’être débarquée à cause de sa trahison à l’occasion du massacre de Zouerate, avait manœuvré de sorte que les (3) trois délégués des mines, totalisent plus de mandats que l’ensemble des autres délégués, pour assurer sa reconduction La direction de la MIFERMA avait joué sa partition en payant les cartes d’adhérents au syndicat à l’ensemble des 6000 travailleurs de la société.

L’ouverture du congrès buta tout de suite sur l’épineuse question de procédure consistant au contrôle des mandats des délégués que la direction sortante avait purement et simplement refusée de cautionner. Il va s’en suivre l’éclatement du congrès et la création de deux centrales, l’UTM gouvernementale dite orthodoxe et I’UTM Rénovée.

Cette division ne correspond pas seulement à une manifestation électoraliste mais à l’existence, à partir de ce jour, de deux lignes syndicales dans notre pays.

Une ligne combative au service des travailleurs et une ligne opportuniste et collaborationniste au service du patronat et du Gouvernement.

La CGTM a toujours cherché et cherchera encore à inscrire ses activités dans le cadre de cette ligne combative. Certains résultats qu’elle a obtenus sont satisfaisants et même élogieux, d’autres le sont beaucoup moins en fonction des contextes et des difficultés objectives. En tout état de cause, la volonté existe, la mobilisation et la participation effective des militants sont toujours demandées.

La commémoration du 29 mai 68 est non seulement pour nous un devoir de mémoire, mais aussi une occasion pour exhorter la poursuite et la perpétuation du symbole donné par les martyrs de Zouérate, pour améliorer encore davantage les conditions de vie des travailleurs.

Gloire aux martyrs de Zouérate
Vive la CGTM
Vive la Solidarité ouvrière internationale

Cet article est la retranscription d’un document MSWord de la CGTM non-daté mais ayant celle du 29/05/2012 dans ses propriétés, trouvé sur Internet. Source photo. Voir aussi…

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